Optimiser l’espace et la diversité des plantations est essentiel dans un potager en carrés, permettant ainsi d’obtenir un rendement maximal dans un espace minimal.
La culture en potager en carrés favorise également une meilleure maîtrise de la santé des plantes grâce à une observation et un accès facilités pour le jardinier.
Intégrer des techniques de permaculture dans l’agencement de votre potager en carrés peut augmenter la biodiversité et la résilience de votre jardin.
Qu’appelle-t-on un potager en carrés ? Il s’agit d’un potager dans lequel les plantes ne poussent pas à même le sol, en lignes, mais dans de la terre contenue dans des bacs surélevés. La hauteur de ces bacs peut varier. Un plant de légume peut être installé dans un petit bac, tout seul, mais la plupart des bacs sont subdivisés en neuf carrés égaux. Chaque carré accueille une ou deux espèces de plantes : des légumes, des aromates et/ou des fleurs. Mais, pourquoi et comment aménager ce potager ?
Pourquoi un potager en carrés ?
Avantages
Peu de place
Il serait fort dommage de renoncer au plaisir de jardiner, notamment d’entretenir son potager, à la seule raison de ne pas avoir de grand jardin. L’un des avantages non négligeables du potager en carré réside dans le fait qu’il ne nécessite pas un grand espace. Vous pouvez en effet installer plusieurs petits bacs sur votre balcon, pour y faire pousser par exemple quelques aromates ou tomates. Si vous disposez d’un petit jardin, vous aurez alors la possibilité de cultiver une plus grande variété de légumes.
Quantités adaptées
Avec le potager en carrés, vous n’avez pas besoin de cultiver la même variété de légumes sur un long rang. Chaque carré pouvant accueillir une autre espèce que son voisin, vous pouvez optimiser la place. Avec le temps, vous pourrez estimer combien de kilos de tomates, de carottes, de courgettes vous avez réellement besoin pour nourrir votre famille. Vous pourrez alors adapter votre production selon la quantité à consommer. Certains légumes ne nécessiteront par exemple qu’un ou deux carrés, ce qui vous permettra d’utiliser les autres carrés pour produire d’autres légumes. Il faut également noter que d’une variété à l’autre, un pied d’une même espèce ne vous donnera pas forcément la même quantité de nourriture. En effet, certaines variétés sont censées être plus productives que d’autres, certaines encore peuvent s’avérer plus résistantes aux maladies ou aux intempéries.
Hauteur humaine
Un des avantages importants du potager en carrés repose dans la proximité de la terre avec les yeux et les mains du jardinier. Celui-ci n’a en effet plus besoin de se courber ou de s’agenouiller pour prendre soin de son sol et de ses plantes. L’un des effets les plus spectaculaires et confortables consiste en la forte diminution du mal de dos. Vous pouvez vous asseoir sur la bordure d’un bac ou bien adopter un petit tabouret et jardiner tranquillement sans craindre une douleur de dos ou une crampe.
Un autre effet de cette hauteur de bac se porte sur la visibilité. Il est en effet bien plus facile d’apercevoir un petit insecte ou une tache sur une feuille lorsque la plante en question est littéralement devant vos yeux.
Enfin, il est évident que le potager en carrés convient bien mieux aux personnes handicapées moteur. Il vous suffit simplement d’écarter suffisamment les bacs pour permettre au fauteuil roulant de circuler librement.
Travaux d’entretien réduits
Le potager en carré étant situé dans des bacs surélevés, l’entretien est fortement facilité par rapport à un potager classique. En effet, la surface est réduite et vous n’aurez pas besoin de vous baisser. La terre est également plus facile à travailler, car vous l’avez déjà partiellement décompactée lors du remplissage, initial ou annuel, du bac. Pendant cette étape primordiale, vous avez également enlevé les grosses pierres, chose que vous ne pouvez pas maîtriser dans un potager en rangs.
Parcelles bien délimitées
Avec le potager en carrés, vous ne risquez pas de piétiner vos plantations par mégarde ! Vous savez exactement ce que vous avez planté ou semé et où. Une seule étiquette par espèce suffit pour un seul carré. Les espaces de semis sont bien démarqués et le désherbage est facilité : la probabilité d’arracher une jeune plante et de s’apercevoir qu’il ne s’agissait pas d’une “mauvaise herbe” mais d’un légume encore petit s’en trouve limitée. Avec le temps, on apprend à distinguer les feuillages des différents légumes, mais un accident peut toujours survenir.
Terrain aplani
Une des premières étapes de la construction d’un potager en carrés consiste à aplanir le sol. Les bacs doivent en effet être droits pour être stables. Cette phase n’est pas toujours exécutée lors de l’installation d’un potager en rangs. Cependant, en termes de praticité, l’avantage d’un terrain plat est indéniable. Et bien sûr la pluie ne ruisselle pas le long des légumes…
Esthétique
Un potager en carré est souvent très joli. Un potager en rangs peut l’être aussi, bien sûr, mais le premier cumule quelques éléments non négligeables. Tout d’abord, les légumes sont très proches géographiquement : sur moins d’1,50m, vous pouvez avoir trois, voire quatre plantes d’espèces différentes ! Le vert domine bien sûr mais, selon les variétés choisies, vous pouvez par exemple retrouver le rouge des tomates et des poivrons, l’orange des fleurs d’oeillets d’Inde, le jaune du maïs, des courgettes et des lentilles prêtes à être récoltées, le blanc des courges et des fleurs de menthe, le violet des fleurs de ciboulette… Une palette de couleurs s’offre à vos yeux ! Les odeurs s’invitent aussi dans le décor et chatouillent vos narines… Le tout peut être harmonisé par les allées, soit en herbe ou, comme dans notre propre potager, balisées par des dalles.
Accès facile à tous les légumes
Pour semer et planter vos légumes, mais aussi pour leur prodiguer les soins et gestes nécessaires à leur bon développement et, enfin, pour les récolter, vous avez besoin de toucher vos plantes. Dans un potager en rangs, atteindre certains végétaux au centre, sans abîmer leurs voisins, relève parfois de l’exploit. Le potager en carrés a été pensé pour palier à ce souci. Les proportions (carrés de 30 ou 40 cm) ont été testées pour que l’humain puisse travailler sur le carré du milieu sans problème. Mme Nageleisen, l’une des pionnières dans ce domaine, a d’ailleurs expérimenté des carrés de dimensions plus importantes et en a conclu la difficulté d’accès du carré central si l’un des côtés dépasse 1,20 mètre.
Quelques inconvénients
Le potager en carrés n’a pas que des avantages, le potager en carrés aurait en effet été abandonné à son profit.
Besoin d’enrichissement
Dans un potager en carrés, chaque parcelle peut accueillir plusieurs espèces différentes sur une seule année, ce qui est rarement le cas des potagers en rangs. Chaque plante puise dans la terre les nutriments dont elle a besoin, et une rotation rapide des cultures peut entraîner l’épuisement du sol. Il faut donc, notamment après des végétaux particulièrement gourmands, enrichir la terre tout en évitant, bien sûr, les produits chimiques.
Propagation potentiellement rapide des éventuelles maladies
La distance entre chaque légume dans un même carré est bien plus courte que celle dans un potager en rangs. La proximité des légumes possède l’inconvénient majeur de la prolifération des maladies, qui peuvent passer d’un feuillage à l’autre, et celui un peu plus mineur de l’ombre, qu’une plante peut faire à sa voisine.
Installation
Pour implanter son potager en carrés, il faut préparer le sol, installer les différents bacs, après les avoir éventuellement construits, les préparer et les remplir. Tout cela demande du temps et des efforts. Le potager en rangs nécessite, quant à lui, bien moins d’étapes.
Comment ?
Alors, vous avez envie de vous lancer dans la culture en potager en carrés ? Il vous faut alors suivre quelques étapes et vous poser les bonnes questions.
Emplacement
Le tout premier point que vous devrez traiter est l’emplacement de votre futur potager. L’un des éléments fondamentaux à prendre en compte est l’ensoleillement : le nombre de minutes durant lesquelles les rayons solaires atteignent l’emplacement choisi doit être optimal durant toute l’année. Il vous faut également considérer les autres composants du jardin : la localisation d’une haie, d’un mur, d’arbres et d’arbustes, d’une allée, d’une mare. Vous pouvez faire un croquis de votre jardin et dessiner la courbe du soleil durant la journée, en été et en hiver. Vous découvrirez également quels endroits ont besoin de plus de temps pour se réchauffer, et ceux qui souffrent le plus des fortes pluies. Il vous faudra également considérer la pente du terrain.
Achat ou construction ?
La seconde problématique à laquelle vous devrez répondre est : souhaitez-vous construire vous-même votre potager en carrés ou préférez-vous acheter les planches à assembler vous-même ?
Vous pouvez trouver des kits pour potagers en carré dans de nombreuses jardineries. Des planches de différentes hauteurs et de différents matériaux vous sont proposées, à vous de sélectionner celles qui seront le plus adaptées à l’environnement que vous souhaitez créer. Les industriels ont même pensé à vous concocter des bacs de potager en escalier, pour qu’une planche de légumes soit surélevée par rapport à ses camarades et accueille les plantes qui ont le plus besoin de soleil…
Si le bricolage ne vous fait pas peur et que vous avez un peu de temps à consacrer à la fabrication de votre potager en carrés, n’hésitez pas ! L’un des avantages les plus importants réside dans le fait de pouvoir ajuster votre potager selon vos envies et vos besoins. Il n’est plus nécessaire de se plier aux standards des jardineries. Vous pouvez par exemple opter pour des bordures de hauteurs différentes d’un bac sur l’autre, pour créer un environnement un peu original.
Dimensions
Il ne vous est bien sûr pas obligatoire d’opter pour un bac de 90×90 ou de 120×120. Toutes les combinaisons sont possibles, tant que l’un des deux côtés n’excède pas 120cm : un grand bac de 120×120 divisé en neuf carrés de 40×40 ou en seize carrés de 30×30 ou en six rectangles de 40×60, un grand bac de 90×90 divisé en neuf carrés de 30×30, un grand bac de 120×200 divisé en 15 carrés de 40×40, etc.
L’un des côtés ne doit pas excéder 1,20 mètre, car sinon une partie de la parcelle ne pourra pas être atteignable. Si vous fabriquez vous-même votre potager, vous pouvez aussi vous amuser à varier les tailles et les formes : vous pouvez même imaginer un bac rond par exemple.
Les carrés intérieurs peuvent être délimités par des tasseaux en bois ou bien par des ficelles tendues.
La hauteur des bordures peut également être aménagée selon vos envies et vos besoins. Elle peut être de 15 à 20 cm mais, si elle est trop faible, l’avantage de s’y asseoir s’amenuise. De plus, n’oubliez pas que les légumes-racines (carotte, poireau, radis, panais, navet, betterave…) ont besoin d’une certaine quantité de terre pour pousser ! La hauteur idéale est parfois considérée comme étant comprise entre 40 et 50 cm. Au-delà, il faudrait une trop grande quantité de terre. En revanche, si l’un des futurs jardiniers est en fauteuil roulant, adaptez la hauteur du bac pour qu’elle soit optimale : 60 à 80 cm selon les nécessités.
Si vous choisissez d’installer plusieurs bacs, il vous faudra prévoir une allée. Elle doit être d’une largeur suffisante pour que les différents jardiniers puissent circuler. Il faut également prévoir assez d’espace pour s’accroupir sans heurter le bac voisin, pour acheminer un tuyau d’arrosage ou une brouette, toujours utile pour apporter de la terre par exemple. 80 centimètres semblent une largeur parfaite.
Pensez aussi à espacer assez les bacs les uns des autres pour laisser passer un fauteuil roulant sans encombre, et pour qu’il puisse se retourner.
Vos allées peuvent être dallées, entièrement ou pour former des pas japonais, ou bien recouvertes d’herbe (pensez à les faire suffisamment larges pour pouvoir passer la tondeuse) ou de graviers, ou encore matérialisées par des planches de bois.
Matériaux
Les matériaux des bacs peuvent être divers. Le plus courant est bien sûr le bois, non traité (sapin, bambou, pin, mélèze, épicéa…) : des planches dont les tranches sont empilées, atteignant une hauteur variée, ou bien des rondins, demi-rondins ou plessis. Si vous préférez acheter votre potager, vous pouvez trouver aussi des bacs en inox ou en osier. Le choix s’effectuera en fonction du prix que vous êtes prêt(e) à investir, de vos goûts et de l’entretien à fournir. Il ne faut pas oublier que le bois est un matériau magnifique mais qui s’abîme avec le temps et les intempéries. Il vous faudra l’entretenir avec un produit pour le protéger. Personnellement, nous utilisons de l’huile de lin bio pour badigeonner nos bacs en bois une fois par an : cela préserve le matériau, mais nourrit également le bois et lui apporte une teinte un peu plus foncée.
On peut voir dans certains jardins des bacs tout en pierres. Cela peut apporter un côté rustique agréable mais, avant d’en débuter l’érection, il vous faudra être bien certain(e) de vos talents de bâtisseur ! Si vous avez un doute, vous pouvez toujours vous tourner vers… le béton. Contre toute attente, on peut en effet lui donner l’allure de la pierre et le résultat peut être tout simplement bluffant.
Enfin, il vous faudra retenir la terre, surtout si vous avez des bacs en plessis. Pour cela, vous pouvez utiliser du film géotextile adapté qui laisse respirer le sol.
Planification
Votre potager en carrés est prêt à accueillir vos plantes ! Il ne vous reste plus qu’une étape, mais elle est primordiale : la planification. En effet, il ne suffit pas de semer et planter les espèces au hasard. Il faut prendre en compte la rotation des cultures, les dimensions des feuillages et l’ombre qu’ils occasionnent, le principe d’association des cultures et… vos propres goûts et besoins en fonction des quantités abritées dans chaque carré.
Nombre de plants à installer dans chaque carré
Dans chaque parcelle, vous pouvez installer une ou deux variétés. Mais combien de plants dans ce carré ?
Chaque végétal doit avoir suffisamment de place pour s’épanouir, et avoir accès à tous les nutriments dont elle a besoin. Le nombre de pieds dans chacun des carrés se détermine en fonction des caractéristiques de son espèce, mais aussi des spécificités de sa variété.
Il n’y a pas de règle stricte, mais voici pour information ce que nous faisons dans notre propre potager :
- ail : une ou deux rangées par carré
- aubergine : un plant par carré
- basilic : un plant par carré
- betterave : 5 plants par carré
- carotte : 2 rangées par carré
- céleri-rave : 5 plants par carré
- cerfeuil : un plant par carré
- chicorée : 5 plants par carré
- chou-brocoli : un plant par carré
- chou-fleur : un plant par carré
- chou-rave : 5 plants par carré
- concombre : un plant par carré
- cornichon : un plant par carré
- courge : un plant par carré
- courgette : un plant par carré
- échalote : 2 rangées par carré
- épinard : 5 plants par carré
- haricot : 5 plants par carré
- laitue : 5 plants par carré
- lentille : 2 rangées par carré
- maïs : 5 plants par carré
- navet : 2 rangées par carré
- oignon : 2 rangées par carré
- panais : 2 rangées par carré
- piment : un plant par carré
- poivron : un plant par carré
- poireau : 2 rangées par carré
- pois : 2 rangées par carré
- radis : 2 rangées par carré
- tomate : un plant par carré
Rotation
L’un des principes fondamentaux du potager est la rotation des cultures. Il faut en effet éviter d’installer des légumes de la même famille plusieurs années de suite sur la même parcelle. Il faut varier les familles et les types (feuille, racine, fruit, fleur) : un légume-racine peut par exemple succéder à un légume-fruit ou à un légume-feuille. Avant le début du printemps, et avant tout semis et plantation, il est nécessaire d’effectuer une planification et de savoir à quels type et famille de légume appartiennent les végétaux à implanter. Ce n’est pas si facile qu’il y paraît au premier abord. Chacun a sa technique : découper un petit carré en papier symbolisant chaque légume, avec une couleur pour la famille et un dessin pour le type, et essayer toutes les combinaisons sur un petit tableau quadrillé représentant le potager ; un tableau Excel pour chaque famille représentant un plan du potager et dont les cellules sont colorées en fonction des années.
Taille des feuillages et leur ombre
Une plante grimpante comme une courge ou un haricot aura besoin de s’étendre en hauteur ou en largeur. Dans le premier cas, les tiges seront soutenues par un treillis mais le végétal et le treillage risquent de faire de l’ombre aux carrés voisins. Il vous faudra penser à y installer des légumes peu gourmands en rayons solaires. Dans le second cas, vous ferez attention à ce que la plante reste bien dans sa parcelle : vous devrez par exemple tailler les courges (pour une raison de place mais aussi de fructification).
Vous aurez donc à prendre en considération l’étendue du feuillage, pour éviter qu’il ne gêne les autres plantes, mais aussi l’ombre qu’il peut faire aux voisins.
Associations
Certains légumes auraient des impacts positifs sur d’autres. Il n’y a pas de preuve scientifique claire, mais cela ne peut pas faire de mal. Par exemple, l’odeur de la carotte éloignerait la mouche du poireau, et inversement. Vous pouvez donc installer sur une même parcelle, ou sur deux parcelles voisines, ces deux plantes qui s’entraident. Parmi les autres associations conseillées, on peut citer la carotte et l’oignon, la tomate et l’œillet d’Inde, la tomate et le chou…
A contrario, le voisinage de certaines plantes aurait un effet plutôt négatif sur d’autres. Cela n’est pas prouvé scientifiquement, donc si vous vous rendez compte trop tard que vous avez placé ces plantes côte à côte, cela n’est pas grave. Il vaut mieux éviter de les installer à proximité l’une de l’autre. Parmi les voisinages relativement néfastes, il vous faudra prendre garde à ne pas semer ou planter les végétaux suivants sur des carrés attenants :
- ail avec artichaut, chou, fève, haricots et pois
- artichaut avec ail, betterave et oignon
- aubergine avec oignon
- betterave avec artichaut, carotte
- brocoli avec laitue et fraise
- carotte avec betterave
- chou avec ail
- fève avec ail
- haricots avec ail et betterave
- laitue avec brocoli
- oignon avec artichaut et betterave
- pois avec ail
- tomate avec betterave
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive.